Le point de départ de ce travail se résume dans une question apparemment simple: qui sont ces anciens combattants africains de la FAP résidant au Portugal? La réponse est la suivante: ce sont des hommes qui cherchent un lieu dans lequel ils puissent être reconnus tels qu'ils sont, tels qu'ils peuvent et veulent être en Angola, au Mozambique, en Guinée Bissau et au Portugal postcolonial.
Pour bon nombre d'anciens combattants africains des FAP qui ont collaboré à ce travail, cet endroit qu'ils cherchent est l'interprétation qu'ils offrent de la guerre. Une interprétation selon laquelle la guerre est un autre endroit dans le Portugal post-colonial. Cet endroit est celui de la guerre en tant que territoire de (re)conciliation. Une conclusion improbable, quand on sait que la guerre est un territoire de dévastation et un lieu de transformation ontologique sans retour. Mais, en fait, telle est la conclusion de ce travail, qui a choisi d'examiner la guerre du point de vue des anciens combattants africains des FAP.
Enfants d’Empires coloniaux et postmémoires européennes révèle les souvenirs intergénérationnels des enfants de ceux qui ont vécu les derniers jours du colonialisme et les luttes pour l'indépendance dans les territoires colonisés par la Belgique, la France et le Portugal. Dans ce recueil de postmémoires, des récits d’Algérie, du Congo, d'Angola, du Cap-Vert, de Guinée-Bissau, du Mozambique et de São Tomé-et-Príncipe résonnent à travers les mots de trente-sept citoyen(ne)s européen(ne)s, dont les histoires et les réflexions interrogent ce passé, ses ombres et ses silences, mais expriment aussi ses joies et ses accomplissements dans le présent européen. À partir de ces mémoires personnelles, nous pouvons tisser les fils qui associent les relations coloniales du passé aux phénomènes contemporains de migrations, de nostalgie, de racisme, de discrimination ou d'hypocrisie politique des relations entre les anciennes métropoles colonisatrices et les anciennes colonies. Dès lors, des questions telles que la citoyenneté, l'appartenance, l'héritage, mais aussi la réparation, la restitution et la dénonciation sont abordées, produisant une dialectique intergénérationnelle complexe et nouvelle qui refuse de poursuivre la retraumatisation, tout en rejetant les logiques de l'oubli.
Ce sont des regards attentifs sur d'autres versants de l'histoire, forcément subjectifs et riches du vécu des autres, générateurs de multiples liens affectifs, familiaux et politiques, qui contribuent à éclairer et à comprendre le présent européen et les liens entre l'Europe et l'Afrique.
Pour finir, un texte de l'écrivain portugais Paulo Faria nous interpelle vers de nouvelles constellations de mémoires européennes et suggère d'autres questions.
2020 - "Dores da Descolonização no Portugal pós-colonial", Confluenze, Rivista di Studi Iberoamericani, V. 12, N. 2, p. 153-168.
2019 - "Vidas deslocadas pelo colonialismo e pela guerra", Dossiê Memórias da Violência Colonial: reconhecimentos do passado e lutas pelo futuro, Estudos Ibero-Americanos, Porto Alegre, v. 45, n. 2, maio-ago, p. 49-63.
2018 - "Crimes Committed in Times of War, Recalled in Post-Memory", Criminal Justice Issues: Journal for Criminalistics, Criminology and Security Studies, Sarajevo, n. 5-6, p. 317-327.
2017 - "Combattants Africains de l'Armée Portugaise pendant les Guerres Coloniales (1961-1974) : représentations et discours coloniaux,", Portuguese Studies Review., 25 (2), p. 275-289 .